De l’été à l’hiver au printemps

Etape de Madrid (Alcobendas) à Lisbonne (du 12 au 28 février 2017)

Il est dimanche matin, le réveil sonne à 7 heures. Nous n’avons dormi que trois heures. Le jetlag nous a gardé réveillé jusqu’au petit matin. Cela fait seulement deux jours que nous avons été catapultés de l’été patagonien à l’hiver ibérique.

Contrairement au Chili à la même heure, il fait encore nuit à Alcobendas, dans la banlieue de Madrid, où nous avons été hébergés par un membre de Couchsurfing. En plus, il pleut, il fait froid, il y a du brouillard. Mais à 9 heures nous partons tout de même, avec vestes, pantalons, gants et bonnet. Nos sacoches, au moins, sont plus légères. Il faut toujours trouver le côté positif des choses.

Le changement de saison est rude pour le corps, mais il y a un côté intéressant de voyager à vélo dans un climat hivernal, c’est notre nouveau défi. Le trajet débute tout de suite sur une superbe piste cyclable, qui longe l’autoroute vers le nord jusqu’à Colmenar Viejo. Plus de 20 kilomètres séparés des voitures, sur de l’asphalte en bonne condition, sans perte de priorité, et au moins sept mètres de largeur. Du pur rêve si on était des pendulaires ici.

Une piste cyclable comme nous n’en avons vu qu’en Espagne.

A Colmenar Viejo nous quittons l’autoroute à vélos pour traverser le centre-ville à la recherche de la laverie automatique. Et oui, hiver + humidité = habits mouillés même après 24 heures d’étendage. Donc, tout dans le séchoir et quinze minutes d’attente dédiées à la recherche d’un café-boulangerie-pâtisserie pour le deuxième petit-déjeuner. Nous sommes quand-même très ravis de retrouver le “luxe” de pouvoir faire notre propre lessive. Les laveries self-service sont pratiquement inexistantes en Amérique du Sud (en tout cas dans les pays où nous avons été). Il existe bien des laveries, mais c’est quelqu’un qui fait la lessive pour vous et ça prend souvent un ou deux jours. Pas très pratique pour des cyclistes…

Deuxième arrêt: Deux cafés au lait, deux tostadas, puis encore deux croissants (ils avaient l’air trop bons, on ne pouvait pas resister), tout excellent et en plus pas cher. On se rend compte combien la bonne nourriture est importante pour nous en voyage à vélo, et combien ça nous a manqué en Amérique du Sud.

En sortant du café, il commence à pleuvoir et nous enfilons donc nos vêtements de pluie. Nous empruntons une belle route qui traverse la Sierra de Hoyo de Manzanares. Les montées nous semblent faciles – beaucoup moins raides qu’au Chili.

Au village de Hoyo de Manzanares, toujours sous la pluie et le froid, nous trouvons un banc abrité par un toit où nous pouvons piqueniquer (de petites gouttes mouillent quand-même nos sandwiches). Nous mangeons rapidement et continuons notre chemin qui nous mène sur la route de service d’une autoroute. Pas la plus belle des routes, mais vu la pluie de plus en plus forte, nous sommes contents de pouvoir avancer rapidement et d’avoir de temps en temps une station-service sur le chemin pour trouver des toilettes abritées. Quand nous arrivons à Guadarrama en début de soirée, mes chaussures sont mouillées malgré les surchaussures. C’est un peu le mystère car elles avaient très bien tenu pendant les journées de pluie au Chili…

Ce n’est clairement pas un temps à faire du camping, nous nous rendons dans un hôtel simple au centre de Guadarrama. On peut chauffer la chambre à l’air conditionné, et le lendemain matin nos habits auront séchés (à l’exception de mes chaussures).

Nous repartons sous la pluie (et avec mes pieds dans des chaussures humides) en direction d’un col 600 mètres plus haut que nous, el Alto del León. Malgré l’autoroute parallèle, la route du col est passablement fréquentée par des camions qui évitent ainsi le péage du tunnel. Heureusement que nous sommes en Espagne, où la grande majorité des conducteurs (voiture et camion) respectent les cyclistes. En haut du col, à 1500 mètres, nous trouvons même de la neige!

La descente sur la route mouillée ne permet pas d’aventures extrêmes ni de vitesses hallucinantes (dommage). A la fin de la descente nous allons dégeler nos mains, pieds et bras gelés dans un café, puis nous continuons notre voyage sur une route de campagne tranquille en direction d’Ávila. Il continue à pleuvoir, et pour piqueniquer nous ouvrons le portail d’un club de golf fermé pour la saison où nous trouvons un abri avec des bancs (la plaque disant “ne pas entrer” se trouvant entre deux terrains, nous avons supposé qu’elle se rapportait à celui d’à côté). Le sol est traversé par de petites rivières qui se sont formées avec la pluie, et quand je mets les pieds par terre mes chaussures sont tout de suite inondées! Je terminerai la journée avec les pieds trempés et froids (mais je vous rassure, je ne tomberai pas malade!).

Est-ce que ce sera la fin de la pluie?

En fin d’après-midi le soleil apparaît, c’est la fin de la pluie pour plusieurs jours. Nous profitons des belles vues du paysage hivernal.

A Ávila nous avons réservé une chambre dans un hostel. L’accueil est très sympathique, il y a un garage pour nos vélos et une grande cuisine absolument parfaite. Nous y passons deux jours à manger des tapas, à boire des bières et dans les pauses à visiter l’un ou l’autre monument et à nous reposer.

Monasterio de Santo Tomás à Ávila.
Les murailles de la vieille ville d’Ávila.

Nous repartons le jour de l’anniversaire de Miguel (il n’y a rien de mieux que de passer son anniversaire à pédaler!). Une note de remerciement et un nouveau drapeau du Portugal sont sur nos vélos de la part de la propriétaire du hostel. Moi, en guise de cadeau, je lui offre notre première crevaison depuis le début du voyage – mon pneu arrière est à plat quand nous récupérons nos vélos au garage. Sans nous soucier dela source de la crevaison nous changeons la chambre à air, ce qui nous prend presque une heure car nous avons beaucoup de peine à enlever le pneu. Ce sera le début de plusieurs jours de réparations et crevaisons, jusqu’à ce que nous en trouvions la cause (un bout de métal à l’intérieur du pneu) et que le Duct tape (le gros scotch gris) nous sauve jusqu’à notre arrivée à Lisbonne (lire toute l’histoire ici).

Nous empruntons une route de campagne tranquille. Le paysage est encore hivernal: beaucoup de brun, peu de vert, pas encore de feuilles sur les arbres, peu de fleurs. Pour piqueniquer, nous trouvons un banc à côté d’une vieille église, au soleil et abrité du vent. Nous profitons à fond de cette tranquillité et de ces belles routes.

Ces sculptures de cochons sont très répandus dans cette région, et sont incroyablement anciens.

Nous arrivons à Peñaranda de Bracamonte, notre but du jour. Mais la petite ville ne nous inspire pas, et après un tour rapide au centre-ville, nous décidons de continuer la route jusqu’à Alba de Tormes, à 30km. C’est un bon choix, car même si nous n’avons pas beaucoup de temps pour visiter, la vieille ville est jolie. Nous grimpons sur la tour de l’ancien château, siège du grand-duc d’Alba (celui qui a gagné la bataille contre les portugais en 1580. Le Portugal devient province de l’Espagne pendant 60 ans). Le soir nous dînons dans un restaurant familial. On attend 20:30 pour entrer mais on est toujours les seuls clients. C’est le genre de restaurant où on est accueilli par les propriétaires, où il n’y a pas de menu ni des prix, mais où l’excellent repas est fait maison. Avant de nous laisser asseoir, ils chauffent le salon et nous présentent les possibilités de repas. On reçoit une belle soupe de poisson suivi d’un plat de viande et une bouteille de vin rouge de la région sur la table. Dessert, café et informations sur la voie vélo qu’on n’avait pas sur notre carte sont compris dans le prix!

Vue sur Alba de Tormes

Le lendemain nous faisons une courte étape jusqu’à Salamanca. Nous prenons  la voie vélo que le propriétaire du restaurant nous a proposé. C’est une ancienne ligne de train aménagée en chemin pour vélos et piétons. Il n’est pas asphalté, mais en bonne condition, et il y a régulièrement des bancs pour se reposer et profiter du soleil.

Selfie sur la voie verte. Petite note: Je harcèle Miguel régulièrement pour qu’il nettoye l’objectif de son appareil photo, ce qu’il ne fait souvent pas, d’où la tache blanche au milieu de la photo…

Salamanca est une très belle ville que nous conseillons vraiment de visiter. On s’offre une petite folie, deux nuits dans un hotel de 4 étoiles au prix d’un bon hostel en Amérique du Sud. Ce sont les meilleurs matelas sur lesquels on n’a jamais dormi (écrivez-nous pour savoir le nom de l’hôtel ou la marque du matelas). A part de bien dormir, nous nous promenons et visitons quelques monuments – notre préféré est l’Ieronimus, la tour des cathédrales. Il faut dire que nous avons de la chance avec le temps – grand soleil et des températures très agréables. Nous faisons une lessive, récupérons à la poste quelques objets commandés on-line et continuons à profiter des tapas et bières chaque soir.

L’intérieur de la nouvelle cathédrale.
Détail sur la façade de la cathédrale.
Encore un détail (surprenant…) sur la façade de la cathédrale.

Le jour où nous repartons de Salamanca, la pluie et le pneu presque-plat sont de nouveau au rendez-vous. Sans envie de faire des réparations dans le garage de l’hôtel, on décide de suivre la route la plus directe et la moins intéressante, parallèle à l’autoroute. L’avantage, c’est que c’est assez plat et qu’il y a des stations-service pour les toilettes abritées, le café et pour regonfler le pneu chaque deux heures…

Arrêt piquenique dans un abri-bus.
Une colonie de cigognes à côté de l’autoroute.

Après 90 longs kilomètres, nous arrivons à Ciudad Rodrigo où nous prenons une chambre pas chère dans un petit hôtel. Dans la chambre ça sent la canalisation, mais au moins il y a un chauffage efficace, et un grand garage pour nos vélos, utile car nous devons terminer de réparer ma chambre à air. Du coup, nous ne voyons pas grand-chose de la ville (qui se préparait pour la fête du taureau avec une enceinte en bois au centre de la vieille ville), sauf le soir quand nous allons manger dans un resto bien noté sur Tripadvisor mais complètement vide (il a dû recevoir sa bonne note uniquement pour les prix par chers, mais pas pour la qualité de la bouffe…).

Activité du soir: réparation de crevaison.

Retour du soleil le lendemain et un nouveau col au programme – c’est la traversée de la Serra da Gata. La route monte tranquillement sans aucun trafic et juste après le col il y a une aire de piquenique parfaite, avec bancs, tables, une fontaine et une belle vue. Nous sommes impressionnés par la quantité de cigognes partout. Ils sont tous déjà en train de préparer leurs nids, malgré le froid qui règne encore.

Les cochons noirs à l’origine du fameux jambon de cette région – miam!
Pause à côté d’une église et d’une colonie de cigognes.
En haut du col Puerto de Perales, et la limite de la province Castilla y León.
Une place parfaite pour le piquenique.

Avec la descente on quitte le plateau espagnol et le paysage change tout doucement. A 200 mètres d’altitude il fait un peu plus chaud, on voit apparaître quelques fleurs, on sent l’odeur des pins. On laisse gentiment l’hiver derrière nous.

Une inattention à la lecture de la carte nous fait monter encore un petit col (il y avait une variante presque plate), mais nous sommes récompensés pas une descente parfaite, soleil en face. A ce moment-là, voyager à vélo est la meilleure chose du monde, et je ne me vois pas faire autre chose dans la vie!

C’est de nouveau à cause d’un village peu inspirant que nous décidons de continuer en fin d’après-midi, malgré la fatigue qui se fait déjà sentir. Nous roulons sur une route de campagne tranquille en direction de la frontière avec le Portugal. Tout à coup un sanglier sort du champ à notre droite comme une flèche, et traverse la route entre nos deux vélos! Il cherche frénétiquement une brèche dans la clôture pour entrer dans le champ à gauche, mais avant qu’on ait le temps de sortir notre fusil de chasse de la sacoche il finit par prendre la route sur un bout, puis disparaît dans des buissons. Il n’y aura pas de rôti de sanglier ce soir…

Notre carte indique qu’il y a un projet d’autoroute ici, par ces champs tranquilles avec des sangliers sauvages. Le projet est actuellement en suspens car il manque la connexion du côté portugais. Espérons que ça restera encore longtemps en suspens, car ce serait trop dommage de gâcher ce beau paysage.

Imaginez une autoroute qui passe ici…

Avec le passage de la frontière portugaise, nous gagnons une heure, un cadeau précieux dans cette longue journée de pédalage. Le prix à payer est qu’il fait nuit encore plus tôt. Les heures où nous pouvons pédaler seront donc encore plus comptées, car nous essayons d’éviter de rouler de nuit.

Nous passons la nuit à Monfortinho, un petit village connu pour les bains thermaux, mais qui sont fermés en hiver. Encore un restaurant (presque chez quelqu’un) où nous sommes les seuls, servis par un vieil homme qu’on trouve en arrivant en train de jouer à l’accordéon dans son salon avec deux télés allumées, une avec une émission bizarre presque érotique. On a pu finalement dîner tôt, mais le repas chauffé nous n’a pas vraiment satisfait.  A l’hôtel nous sommes aussi les seuls clients. Malgré cela, nous avons droit à un excellent buffet de petit-déjeuner le lendemain matin! Céréales, pain, confitures, jus d’orange fraîchement pressé, œufs… plutôt inhabituel pour le Portugal, mais bien pour nous. Cela nous donne les forces nécessaires pour les efforts à venir aujourd’hui! Cela commence par… réparer le pneu. Pendant que la dame de l’hôtel nous prend en photo avec son smartphone et nous publie sur sa page facebook, nous salissons nos mains, démontons encore une fois ma roue arrière et finalement trouvons la source de nos soucis. Deux bouts de fil de fer sortent vers l’intérieur de la roue. “Vous avez déjà dix likes”, nous dit la dame de l’hôtel. On grogne pendant qu’on applique la moitié de notre dernier patch de vélo sur la chambre à air. On arrive enfin à partir avec le soleil déjà haut et 15km plus tard la montée à pied aux ruines du château du village de Penha Garcia.

Vue sur le village depuis le château.

Nous avons définitivement laissé l’hiver derrière nous. Le soleil chauffe déjà assez pour pouvoir rouler en t-shirt, et les prés sont couverts de fleurs. On mange deux bifanas (sandwich avec un steak de porc) au café où on a fait surveiller les vélos pendant notre randonnée.

Ambiance printanière au Portugal.

L’après-midi, nous montons (à vélo cette fois) au village de Monsanto. La montée est (très) raide et pas facile, mais pour finir assez courte.

Il faut encore monter jusqu’aux maisons là-haut!

Arrivés en haut, nous sommes attendus dans un petit hôtel très sympathique, géré par deux sœurs retraitées qui nous donnent plein de conseils sur le village et la région. Elles ont aussi un endroit pour les vélos, une sorte de garage avec une toute vieille porte qu’il faut ouvrir avec une vieille clé immense, à exemplaire unique. Avec l’humidité la porte gonfle et coince. L’employée demande de l’aide à Miguel pour ouvrir la porte, mais attention pour ne pas casser la clé. Vient après une des sœurs qui sort un petit fer pour faire levier dans le trou de la clé. Sans succès. La deuxième sœur descend, demande pardon pour le sacrilège et avec un bon coup de pied ouvre la porte.

Monsanto est un village littéralement construit dans le rocher. C’est très beau et pas encore trop touristique, en tout cas en hiver. Nous nous promenons dans les petites ruelles, grimpons jusqu’aux ruines du château et faisons les amoureux devant le coucher de soleil.

Le village de Monsanto
Au château de Monsanto
Maison typique: Le rocher fait partie de l’architecture.
L’église au coucher du soleil

Pour quitter le village le lendemain, nous avons la bonne idée d’emprunter un chemin à pied qui suit une route romaine, examiné la veille. Le début a l’air faisable à vélo, mais ensuite nos suspensions sont mises à rude épreuve! Nous finissons sur un tout petit chemin où nous devons pousser les vélos, avant d’arriver à une petite chapelle, où nous rejoignons une route asphaltée.

Nous passons visiter un autre joli village, Idanha-a-Velha, comme Monsanto aussi partie des villages historiques portugais. Il est un peu plus tranquille, nous sommes les seuls touristes, et il ne semble plus avoir beaucoup d’habitants. Un monsieur nous approche pour vendre des fromages pour financer ses médicaments pour la schizophrénie, en achetons un. Puis nous entrons au café, où sont réunis deux vieux hommes du village, qui boivent chacun leur verre de vin et regardent une émission TV sur les soutien-gorge et les mammographies. Scène de village au Portugal… Nous, on prend juste notre café au lait habituel avant de reprendre la route en direction de Castelo Branco.

La place du village d’Idanha-a-Velha

Nous retrouvons nos routes portugaises tranquilles, avec leurs montées et leurs descentes. Nous trouvions la Carretera Austral difficile, mais finalement le Portugal n’est pas rien non plus! La grande quantité de rivières fait qu’on est tout le temps en train de descendre vers une vallée, puis de remonter de l’autre côté, et cela plusieurs fois par jour. C’est seulement vers la fin de trajet qu’on rejoint une route un peu plus fréquentée, avant d’arriver à Castelo Branco.

Nous passons la nuit à l’auberge de jeunesse, dans une chambre immense (probablement un dortoir transformé en chambre double), donc impossible à chauffer. Le petit-déjeuner est typique pour ce genre d’endroit: On se sert soi-même, mais il y a une liste avec les quantités qu’on a le droit de prendre (2 pains, 1 beurre, 1 fromage, etc.), et une dame habillée en blanc et au regard sévère qui fait attention qu’on ne dépasse pas les quantités indiquées (ça nous rappelle presque la Russie).

L’étape pour Sertã n’est pas très longue en soi, mais elle est fatigante. Il y a plusieurs montées et descentes et ça semble interminable. Au même temps on passe des endroits vraiment sympas, de belles vues, de petits villages – sans ces montées, ce serait la perfection du voyage à vélo.

Le soleil s’est déjà couché quand nous arrivons enfin à Sertã. Nous avons réservé une chambre dans un hostel depuis la route, on voulait un endroit avec une cuisine pour ne pas devoir ressortir manger au restaurant. Après une bonne douche chaude, Miguel ressort acheter le dîner au supermarché, pendant que je chauffe notre chambre en faisant souffler l’air conditionné à fond à 26°. Alors que les températures sont assez agréables la journée, il fait frais la nuit, et au Portugal il fait en général la même température dedans que dehors. Donc, froid… Nous chauffons et mangeons une bonne soupe dans la cuisine (à 15 degrés) du hostel avant de nous écrouler dans le lit.

Le lendemain, une autre étape dure nous attend. La journée commence pourtant bien, pas de pneu plat et seulement une longue montée qui nous semble assez facile, une descente vers le Rio Zêzere (tiens, on le connaît, celui-là ! On l’avait suivi en août dernier…), puis une remontée de l’autre côté que nous maîtrisons aussi sans drame majeur. On a déjà 600m de montée accumulée quand on s’arrête pour le deuxième petit-déjeuner. La route continue sans beaucoup de plat.

Pause à côté du Rio Zêzere

A 16h, on n’a fait que la moitié du chemin prévu. On pédale, on pédale… les routes sont belles, mais la fatigue prend souvent le dessus. Le soleil se couche. On zigzague sur de petites routes de campagne pour éviter la grande route nationale très fréquentée.

Il fait déjà nuit quand nous arrivons au village d’Alcabideque, où nous décidons de prendre un raccourci. C’est une route bien marquée sur la carte qui nous amènera directement à Cernache et proche de la maison de la grand-mère de Miguel. La route sort gentiment du village, puis… se transforme en chemin de forêt! Heureusement que nous avons nos phares puissants pour illuminer le chemin. Nous imaginons déjà le chemin terminer au milieu de nulle part, ou dans un mur… Mais il continue comme prévu, nous amène au-dessous de l’autoroute et ensuite directement à Cernache, où nous arrivons à 19h30. Il faut encore trouver la maison de la femme de ménage qui a la clé et Miguel n’est pas sûr où elle se trouve. Un aller-retour avant de retrouver la dame en peignoir au milieu de la route. Une longue journée difficile qui termine bien! La dame explique comment allumer l’eau chaude, ou sont les serviettes. On trouve que finalement l’eau chaude vient d’une chaudière électrique et il faut attendre qu’elle chauffe. Les chauffages de la maison ne marchent plus. Miguel va acheter à manger dans le café en face et on dîne dans une cuisine froide comme la veille. La bonne douche chaude arrive. Mais à peine 3 minutes sous l’eau qu’elle vient déjà froide. La chaudière a un problème. Miguel ne prend pas de douche. La vie n’est pas un drame. Après ces efforts, nous nous accordons une journée de repos, que nous passons au café, sur le balcon au soleil et à regarder le carnaval des enfants à l’école en face.

Carnaval des enfants à Cernache.

Une journée de repos avec douches courtes et tièdes n’a pas vraiment été suffisante après ces efforts, mais nous reprenons tout de même la route. L’envie d’avancer et d’arriver à Lisbonne est plus forte que la fatigue. Nous traversons la campagne, par-dessus collines et vallées, jusqu’au bord de la mer, où nous rejoignons une piste cyclable qui longe la Estrada Atlântica.

Des orangers débordant de fruits partout.
Une piste cyclable parfaite.

On s’imagine toujours que longer le bord de la mer est plat, mais aujourd’hui on a l’impression qu’elle n’arrête pas de monter, jusqu’à a descente finale qui nous amène à Pedrogão. Entre-temps, le soleil a disparu derrière les nuages, et un vent froid s’est levé. Nous hésitons un instant – camping ou hôtel? Pour finir, la décision tombe sur le camping. Nous n’avons pas ressorti la tente depuis le Chili, et l’envie est trop forte de refaire du camping. Après la douche chaude (on avait peur, mais elle était vraiment bien chaude), le vent paraît moins froid, et nous trouvons l’énergie pour nous promener au centre du village.

Selfie au bord de la mer. Pas toujours une réussite, les selfies!
Un camping presque désert.

C’est la basse saison et le village est assez mort, nous passons notre soirée entre le café, le bar et le restaurant qui sont ouverts.

Nous continuons sur la piste cyclable le lendemain, le soleil est de retour et nous passons quelques belles plages.

Une belle plage comme on les aime!

La piste cyclable continue jusqu’à Nazaré, une ville assez touristique et connue. Comme il est dimanche, il y a beaucoup de monde qui s’y promène, et en plus c’est la fête de carnaval au centre-ville. Nous trouvons un endroit avec une belle vue pour notre piquenique.

Nos vélos en bonne compagnie à Nazaré.

Pour la suite du trajet, nous choisissons une route principale un peu plus fréquentée, mais plus plate que la variante tranquille. Nous savons que nous avons encore passablement de montées à maîtriser avant Lisbonne, il faut donc ménager un peu nos muscles.

Après une bière à côté de la plage de São Martinho do Porto et une dernière longue montée et quelques minutes de pluie, nous arrivons à Foz do Arelho, le lieu où Miguel passait ses vacances d’été quand il était enfant. Nous allons dormir au même hôtel où il passait ses vacances, les choses ont un peu changé depuis, mais on voit encore les vieux bâtiments. Maintenant en hiver, la ville est calme et nous devons faire le tour des restaurants pour en trouver un qui est ouvert.

Vue de notre chambre d’hôtel sur la plage de Foz do Arelho.

Le lendemain matin, c’est de nouveau grand soleil. Je mets de la crème solaire (ceux qui ont lu mon dernier post sur le Chili savent ce qui viendra plus tard…).

C’est une journée fatigante. On ne peut plus suivre directement la côte, c’est donc par de petites et moins petites routes qui montent et descendent que nous faisons notre chemin vers le sud. On a dû être très fatigués – c’est probablement la journée où nous avons pris le moins de photos sur notre voyage! Il fait de nouveau froid et gris, et en fin d’après-midi nous sommes surpris par la pluie qui commence à nous doucher en pleine montée. Le temps de mettre les pantalons et les vestes, on est déjà trempés. On quitte la route mouvementée pour de suite nous tromper de chemin et suivre un chemin non-asphalté. C’est en toute fin de cette journée que nous atteignons nos 10’000 kilomètres au compteur – fatigués, trempés, et sans inspiration pour prendre une photo originale.

Rencontre avec des chèvres.

On a quand même une rencontre intéressante. Alors que nous sommes dans un supermarché/café, un cyclovoyageur s’arrête à côté de nos vélos. C’est un voyageur iranien, venu d’Iran à vélo jusqu’au Portugal, et qui est sur le point d’y retourner, à vélo aussi. Lui, il est content de rencontrer enfin un cycliste portugais, et nous, de rencontrer un cycliste non-européen!

Ce soir-là nous sommes gentiment hébergés par la famille de Pedro, un ami d’enfance de Miguel, dans un village proche d’Ericeira. Nous avons droit à une chambre digne d’un hôtel, avec chauffage au sol dans la salle de bain, le pur bonheur après la douche froide que nous venons de prendre sur la route. Et le lendemain matin, nous avons droit au meilleur petit-déjeuner qu’on puisse s’imaginer – du pain fait maison au four à bois avec de la confiture maison.

Nous reprenons nos vélos à 10 heures du matin pour notre dernière étape de cette tranche de notre voyage. C’est drôle comme à la fin on est toujours pressés d’arriver, mais on sait que dans quelques jours cette vie nomade nous manquera déjà…

On s’attend à une route fatigante, mais on est agréablement surpris. Oui, il y a des montées, même des longues, mais la fatigue des derniers jours semble partie. Les vues sont belles, nous voyons les montagnes de Sintra de loin.

En fin de matinée nous arrivons à Mafra, connu pour son palais/monastère baroque, que nous ne voyons que de dehors (il est fermé les mardis, et nous avons encore un peu de route à faire). Par contre nous ne ratons pas la visite d’une excellente boulangerie en face avec des pâtisseries irrésistibles – ça fera un immense deuxième petit-déjeuner. Pendant que nous prenons le café, nous nous amusons à observer le groupe d’hommes sur la place, attroupés autour de nos vélos et au milieu d’une conversation technique intense. Les gens nous inventent souvent un moteur et d’autres accessoires imaginaires, c’est drôle à écouter. Mais ceux-là semblent s’y connaître un peu plus, ils ont même identifié les vitesses dans le moyeu.

Devant le palais de Mafra.
Certains sont vraiment intéressés!

Malgré ce gros deuxième petit-déjeuner, nous nous arrêtons en milieu d’après-midi sur une place de piquenique pour manger un peu de pain et du fromage. Nous sommes déjà au-dessus de la banlieue nord de Lisbonne et il ne manque plus que quelques kilomètres en descente jusqu’à la fin.

Les derniers mètres avant l’arrivée.

Nos vélos ont maintenant droit à se reposer un moment. Une année sans travailler, c’est aussi l’occasion de passer du temps avec nos familles et amis, du temps pour s’occuper de nous-mêmes (et de ce blog).

A bientôt pour la reprise de notre voyage !

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